Village d'encens des Nung à Phia Thap
Situé dans la province de Cao Bang au Vietnam, le village de Phia Thap, habité par l'ethnie Nung, est un haut lieu de la fabrication artisanale d'encens. Depuis plus d'un siècle, ce savoir-faire ancestral se perpétue, ancrant profondément l'encens dans la vie spirituelle et culturelle vietnamienne. Bien plus qu'un simple produit, l'encens de Phia Thap est une passerelle entre le monde des vivants et l'au-delà.
Dès l'entrée du village, une douce et envoûtante fragrance d'encens embaume l'air, témoignant d'une activité qui rythme le quotidien de ses habitants. Ici, la fabrication d'encens n'est pas une exception, mais une compétence partagée par chaque villageois.
C'est l'un des rares villages au Vietnam où l'encens est encore fabriqué entièrement à la main, ce qui en fait une halte intéressante lors de l'exploration de la province de Cao Bang.
Ce qui différencie l'encens de Phia Thap des autres productions réside dans son utilisation exclusive des ressources naturelles abondantes propres à la région karstique. Les principaux ingrédients sont le bambou, la poudre de pin, la sciure de bois et les feuilles de "Bau Hat", servant à produire une colle naturelle qui agglomère les autres éléments.
Tout commence avec les feuilles de l'arbre "Bau Hat". Une fois récoltées, ces feuilles sont séchées au soleil, puis réduites en une fine poudre servant de liant naturel.
Les tiges d'encens sont traditionnellement façonnées à partir de bambou, apprécié pour sa souplesse et sa facilité d'ignition. Le bambou, prélevé dans les forêts environnantes, est fendu à la main en sections d'environ 40 cm. Chaque section est ensuite délicatement effilée pour obtenir de fines baguettes régulières, qui sont immergées dans l'eau pendant deux à trois jours avant d'être utilisées.
Parallèlement, la poudre formant le corps de l'encens provient du bois de pin. Les troncs sont laissés à se décomposer naturellement pendant au moins trois ans avant d'être débités, séchés et réduits en poudre fine. Celle-ci est ensuite mélangée avec soin à de la sciure de bois et à de la poudre de bois d'agar pour constituer la base olfactive de l'encens.
Après avoir trempé les fines tiges de bambou, on les enduit de colle naturelle de feuilles de "Bau Hat".
Puis, on les roule dans un mélange de poudre de pin, de sciure de bois et de poudre d'agar. La colle permet aux poudres d'adhérer, formant ainsi les bâtons d'encens.
Enfin, les bâtons d'encens sont suspendus pour sécher au soleil. Une journée ensoleillée suffit généralement, mais par temps couvert, un séchage de deux à trois jours, voire plus, est nécessaire, parfois même à l'abri dans la cuisine.
Ces bâtons d'encens sont ensuite colorés en rouge à leur base, puis séchés une dernière fois avant d'être liés en petits fagots destinés à la vente.
« Le mouvement du poignet doit être souple et précis, comme une danse. C'est un art qui s'acquiert dès le plus jeune âge. En une journée, une personne peut façonner entre 3 000 et 4 000 bâtons d'encens... », confie Mme Nim, une villageoise passionnée par son métier.
Grâce à sa qualité et à son parfum authentique, l'encens de Phia Thap est, pour les habitants de Cao Bang, un élément indispensable sur les autels de nombreux foyers.
Découvrir les secrets de la fabrication de l'encens à Phia Thap, c'est non seulement admirer un artisanat exceptionnel, mais aussi participer activement à sa préservation. Vous permettez ainsi à cette tradition de perdurer, d'offrir un revenu essentiel à la communauté Nùng et de continuer à enrichir le patrimoine culturel de la région de Cao Bằng, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.





